Le choc culturel, un tremblement de terre de l’être humain …

Soyons à l’écoute de nos émotions… 

Depuis bien avant notre naissance, tous nos sens se familiarisent avec un environnement donné et nous baignons dans notre culture d’origine avec sa langue, ses odeurs, ses rites, ses codes et ses modes d’interprétation que nous intégrons au plus profond de nous pour nous les approprier comme guides de conduite pour avancer dans la vie. Dans la mesure où nos comportements s’inspirent de nos modèles qui sont nos parents, nos enseignants, notre communauté, et parce que nous les reproduisons fréquemment, nous développons une sorte de mode de pilotage automatique dans un environnement familier et les schémas de comportement s’inscrivent solidement dans notre cerveau qui va guider le reste de notre corps.

Lorsque nous entrons en contact avec un nouvel environnement, de nouveaux signaux viennent bouleverser les schémas de pensée que nous croyions universels et notre corps tout entier réagit à ce contact avec l’Inconnu : un univers différent et incertain.
Il s’agit alors d’un choc culturel où la culture est considérée comme le nouveau mode de vie auquel nous nous trouvons soudain exposés et le choc est la réponse physiologique et émotionnelle à ce nouveau mode de vie. A ce moment, comme le décrit si bien Robin Pascoe, journaliste canadienne, c’est un véritable tremblement de terre qui vient secouer l’être humain : nous nous sentons dépaysés au point d’être désorientés. Le mode pilotage automatique ne fonctionne plus et tant le corps que l’esprit rencontrent la Peur.

En effet, tous nos repères perdent leur sens et nous régressons au stade de développement, lors de notre petite enfance, où nous recherchions la main rassurante d’un adulte bienveillant, notre guide pour affronter une terre inconnue. A ce moment, avant l’acquisition de la parole, nous n’étions pas en mesure de mettre des mots sur nos maux et, alors, c’est notre corps qui parlait. Ainsi, quel que soit notre âge au moment de ce choc culturel, nous sentons que tout notre corps se rebelle devant un environnement inconnu et envoie des signaux de cette révolte sous forme d’une manifestation de rejet qui exprime ce que nos ‘tripes’ ressentent au plus profond et qu’elles expriment sous forme de vomissements ou de diarrhées.

Notre corps est traversé par de fortes ondes de choc, en réponse à une stimulation soudaine et très intense de nos sens par les nouvelles odeurs, les bruits, les changements de température que nous offre notre nouvel environnement. Nous traversons une phase où nous pouvons nous sentir agressés et tant notre corps que notre esprit vont réagir à ce qu’ils perçoivent comme des attaques à nos schémas de pensée familiers.

Bombardés par ces nouvelles images, nous traversons une phase de confusion qui peut nous donner le tournis et il est bon de pouvoir comprendre la raison de ces réactions pour mettre en mots ce que notre corps nous dit. A ce moment là, il est judicieux de ne pas être dans le déni de ce qui nous arrive et de parler en famille de la manière dont chacun des membres vit ce choc culturel. C’est ensemble que nous pourrons donner du sens aux maux et trouverons les solutions adaptées à chacun en laissant le temps au temps pour s’ajuster aux nouvelles donnes à prendre en compte pour se remettre à vivre normalement.

Il est judicieux de partir du principe qu’en terme de culture, il n’y a ni bon, ni mauvais, c’est juste différent. Néanmoins, même si notre esprit peut comprendre, notre corps est plus lent à intégrer les modifications du contexte extérieur et il va se protéger de ce qu’il considère comme une tentative d’invasion hostile. Il nous faut rassurer cette partie de nous qui est en panique.
Cette phase de régression est considérée comme nécessaire, c’est une mise en sécurité, qui nous permettra de passer à une nouvelle page de notre vie riche en découvertes.

En d’autres termes, ce choc fait que nous sommes comme suspendus au dessus du vide et il va nous falloir identifier des éléments rassurants qui nous permettrons d’accepter de nous déconnecter de notre vie antérieure pour nous connecter aussi à la culture du pays d’accueil. Cette posture de funambule entre deux mondes engendre donc nécessairement une phase de vertige avant de sentir que nous avons les pieds à nouveau sur un terrain stable.

Pendant cette période, il est bon de prendre soin de soi et d’écouter les messages de son corps pour lui donner le temps de retrouver un équilibre. Ainsi, il est de bon ton de s’adonner à des moments de détente, loin des sollicitations de l’extérieur, en regardant son film préféré, en prenant des moments de détente comme des bons bains ou un massage qui vont permettront de rassurer votre organisme à fleur de peau.

Il faut savoir que la première expérience d’expatriation va donner lieu à un double choc culturel dans la mesure où nous rencontrons à la fois la culture de la communauté des Expatriés et la culture du pays d’accueil. Ensuite, dans le cas où les expatriations se succèdent, nous pourrons faire appel aux expériences précédentes de gestion des émotions et du corps pour gérer cette phase.

Toutefois, chaque fois sera l’occasion de manifestations différentes dans la mesure où les caractéristiques de votre propre vie auront évolué et celles de vos communautés d’accueil vont varier.